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Dix ans de cession d’entreprises confisquées (1) : Un bilan en demi-teinte

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En dix ans, Al Karama Holding a pu céder 22 entreprises et participations confisquées et réaliser des recettes s'élevant à près de 1,9 milliard de dinars.

En charge de soixante-huit entreprises et participations dans des entreprises confisquées, Al Karama Holding a pu à ce jour en traiter 40 –auxquelles s'ajoutent 4 dont le processus de cession a été déclenché au cours de derniers mois.

Sur ce total, la société de gestion des entreprises et participations confisquées a réussi à vendre 22. Ces opérations, réalisées entre juillet 2012 et septembre 2022, lui ont permis d'engranger plus de 1,9 milliard de dinars en dix ans.

Les trois gouvernements successifs dirigés par Youssef Chahed (25 août 2016-27 février 2020) sont ceux des quinze que la Tunisie a connu depuis le 14 janvier 2011 qui ont été les plus actifs dans la cession des participations de l'Etat dans des sociétés confisquées. S'ils n'en ont conclu que sept, on doit aux trois gouvernements 22 des 41 appels d'offres lancés en dix ans. Les autres gouvernements se partagent les 19 restants.

Neuf secteurs d'activité se partagent les 22 cessions. Avec six opérations (Car Pro, Alpha Ford, Stafim Peugeot, Ennakl, Ennakl Vehicules Industriels et City Cars Kia), l'automobile distance très largement tous les autres. Elle est suivie de l'agriculture et de la pêche (Société Tunisienne de Production et d'Exploitation Agricole Zitouna II, Société de Développement Agricole Zitouna I, Société Méditerranéenne de Pêche Suarl et Société Mourad Trabelsi Suarl), du tourisme (Société Touristique Tunisie Golfe –possédant l'hôtel Le Palace Gammarth-, Goulette Shipping Cruise, Société l'Archevêché et Airport Vip Services, de la banque/finance (Banque Zitouna et Zitouna Takaful).

S'y ajoutent six autres secteurs où l'on a enregistré une seule cession : industrie pharmaceutique (Adwya), Médias (Radio Zitouna), services maritimes (Méditerranéenne pour le Commerce, le Transport et la Consignation), enseignement (International School of Carthage) télécommunications (15% de Tunisiana) et le paiement mobile et le marketing digital (Jet Multimedia Tunisie).

Le secteur automobile arrive aussi en tête pour ce qui est de la recette engrangé (750 millions de dinars) suivi des télécommunications (15% de Tunisiana, cédés à Qtel pour 576 millions). A eux seuls, ces deux secteurs ont réalisé près des deux tiers (1,3 milliard de dinars) de la recette engrangée par l'Etat.

Viennent ensuite la banque-assurance (Banque Zitouna+Zitouna Takaful, 370 millions de dinars), l'enseignement (International School of Carthage, 66 millions de dinars), le tourisme (65 millions de dinars) et l'agriculture/pêche (53 millions de dinars).

Dix ans après le lancement du processus de cession des entreprises et participations confisquées, l'Etat continue d'entrainer 18 autres comme un boulet. Et ce n'est pas faute d'avoir essayé de s'en débarrasser.

Ces 18 entreprises se répartissent entre 8 secteurs d'activité : industrie (Carthage Cement, Grands Silos du Sud, Plastics Technology et Laceramic), services (Newrest Catering Tunisie et Havas Tunisie), médias (Dar Assabah et Tunisia Broadcasting-Shems Fm), tourisme (Club Elyssa et Société de Promotion Touristique et de Plaisance), pêche (Bio Fish et Mehdi Aquaculture), immobilier (Société de Promotion Immobilière et d'Aménagement Urbain Jnayna), agriculture (Société Utique de Promotion Agricole El Baraka et une ferme agricole à Ouled Mliz, dans le gouvernorat de Jendouba) et aviation (Karthago Private Jet, Nouvelair et Nouvelair Handling).

Toutefois, même si elles ont en commun de ne pas avoir trouvé preneur à ce jour, ces entreprises n'ont pas connu le même cheminement. Certaines n'ont pas dépassé le premier stade du processus de préparation à la cession, celui du recrutement par Al Karama Holding d'un cabinet conseil pour l'accompagner dans ce qui constitue souvent une véritable aventure à l'issue incertaine.

Cinq sociétés se trouvent dans ce cas de figure (Société de Promotion Touristique et de Plaisance, Laceramic, Nouvelair, Nouvelair Handing et Cactus Prod). Si le cas de ces trois dernières sociétés est récent –les procédures pour leur cession ont été déclenchées respectivement en avril 2022 pour les deux premières et en décembre 2021 pour la troisième, sans résultat à ce jour, d'autres dossiers sont dans l'impasse depuis bien plus longtemps. 

Plus de la moitié (huit) des entreprises non vendues (Club Elyssa, Société de Promotion Immobilière et d'Aménagement Urbain Jnayna, Grands Silos du Sud, Union de Placement et de Conseil en Assurances et en Réassurances –UPCAR, Havas Tunisie, Bio Fish, Mehdi Aquaculture, Frigo Confort, Frigo Confort Export, Plastics Technology, et Karthago Private Jet) sont arrivées à un stade plus avancé, celui du lancement des appels à manifestation d'intérêts mais n'ont pas pu le dépasser.

Plusieurs autres dossiers (Newrest Catering Tunisie, Société Utique de Promotion Agricole El Baraka et surtout Carthage Cement) sont allés plus loin et ont atteint le stade de l'établissement de la short-list. Mais les candidats sélectionnés n'ont pas soumis d'offres ou n'ont pas été retenus.

De tous ces dossiers en stand-by ou dans l'impasse, le fatigant et le plus frustrant pour Al Karama Holding est sans nul doute celui de Carthage Cement. Cela fait bientôt deux ans que plus personne ne parle plus de la cession de la participation que l'Etat détient dans le capital du leader de l'industrie du ciment, jadis propriété du tandem Belhassen Trabelsi-Lazhar Sta, et ce, après plus de trois ans d'intenses efforts d'Al Karama Holding pour sortir Carthage Cement de son périmètre.

Carthage Cement a fait l'objet de deux tentatives de cession, en 2018 et en 2020. Le premier appel d'offres est arrivé au stade de la short-list, mais les cinq candidats pré-qualifiés n'ont finalement pas fait d'offres. Pour le deuxième appel d'offres, l'Etat a décliné une offre présentée par un consortium burkinabé.

Moncef MAHROUG

Publié le 28/11/22 12:31

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